Séminaire 2023 - 2024 : "Rapport au politique et formes de mobilisation collective des jeunes des quartiers populaires : quelles transformations sur le temps long ?"Agenda
Cible privilégiée des « paniques morales » comme des urgences qui sont à l’origine de la politique de la ville, les « jeunes des quartiers » sont depuis l’origine la cible privilégiée de cette politique apparue à la fin des années 1970. Bénéficiaires de ses programmes, ils se sont aussi mobilisés de façon autonome en collectifs ou en associations, pour porter des revendications et initier des actions visant notamment à lutter contre les représentations stigmatisantes et discriminantes dont ils sont l’objet. Inscription obligatoire
Avec la Marche pour l’égalité et contre le racisme des années 1980, il s’agissait de conquérir une reconnaissance et un « droit de cité » dans l’espace politique. Le cycle des émeutes survenues depuis quatre décennies montre la fragilité de cette inclusion démocratique et la difficulté de canaliser les sentiments d’injustice.
Cette séance du séminaire permettra de faire retour sur les mobilisations autonomes des jeunes et leurs transformations au fil du temps. Il s’agit aussi d’interroger la capacité des systèmes politiques, institutionnels et associatifs à faire place et droit à leurs revendications d’émancipation et de reconnaissance.
Inscription obligatoire en cliquant ici.
PROGRAMME
10h00 : Introduction de la journée d’étude par Thomas Kirszbaum et Michel Peraldi
10h30 : La parole à deux témoins :
Salah Amokrane, coordinateur de l'association Tactikollectif, engagé depuis 30 ans aux côtés de Zebda, il a conduit en 2001 la liste Motivé-e-s aux élections municipales de Toulouse et a été élu au conseil municipal de Toulouse de 2001 à 2008.
Yasmina Benchenni était présente lors du lancement de la Marche pour l'égalité et contre le racisme à Marseille en 1983. Depuis lors, elle s’est engagée dans différentes luttes, en créant notamment l'Association des femmes maghrébine en action et le collectif du 1er juin relatif au trafic de drogue.
11h00 : « Comprendre les émeutes dans les banlieues (1971-2023) »
Intervenant : Michel Kokoreff, Professeur des universités à Paris 8, chercheur au Cresppa-GTM.
Résumé : Il s'agira de restituer le contexte social et politique dans lequel les émeutes urbaines ont émergé en France dans les années 1970 et comment elles se sont inscrites dans le même script jusqu'en 2023, suite à la mort du jeune Nahel, sur fond d'accumulation des problèmes sociaux dans les quartiers et banlieues populaires.
11h45 : « Les formes de politisation des jeunes des quartiers populaires : ancrage local et profils militants »
Intervenant : Foued Nasri, Chercheur associé au Centre Max Weber (CNRS, Université de Lyon), auteur d’une thèse de sciences politiques intitulée « Permanences et discontinuités dans les mobilisations associatives des héritiers de l'immigration maghrébine au sein de l'agglomération lyonnaise : le cas de Zaâma d'Banlieue et des Jeunes Arabes de Lyon et Banlieue (1979-1998) ».
Résumé : Réflexion sur les transformations sociales et politiques des mobilisations associatives dans les quartiers de la politique de la ville depuis la seconde moitié des années 1970. Les formes de militantisme apparues dans la seconde moitié des années 1970 seront comparées avec celles années 2010, en interrogeant tout particulièrement l'évolution des profils militants et les enjeux relatifs aux ancrages locaux des militants.
12h30 : Pause déjeuner
14h00 : « Sentiment d’injustice, économie morale et impuissance politique »
Intervenant : Éric Marlière, Professeur à l’Université de Lille. Appuyé sur des entretiens, formels et entretiens informels, avec des jeunes des quartiers populaires, ses travaux portent sur la transformation des banlieues ouvrières, les révoltes urbaines et les engagements politiques violents de jeunes des quartiers populaires.
Résumé : Des entretiens réalisés avec des jeunes depuis le début des années 2000 jusqu’à aujourd'hui permettent de mettre en évidence des formes de continuité du sentiment d’injustice qui habite ces jeunes, fruit des inégalités socio-spatiales et des discriminations ethno-raciales. On observe une forme d’économie morale fondée sur un sentiment d’impuissance politique.
14h45 : « De la débrouille aux trafics : socio-économie des "jeunes de cités" pour espérer changer de condition »
Intervenante : Claire Duport, Coordonnatrice du dispositif « Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) » au sein de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, autrice d’une thèse de sociologie intitulée « Notables, militants, entrepreneurs »
Résumé : De l’effondrement du salariat et des mondes ouvriers à l’injonction à être un entrepreneur de soi, en passant par le rêve brisé de la réussite par le politique ; du précariat de l’emploi aux activités de « petites mains » liées au trafic : les limites des sciences sociales et économiques pour appréhender ces phénomènes.
15h30 : Présentation du Collectif Pop-Art
Intervenante : Jeanne Demoulin, Maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l'Université Paris Nanterre
Résumé : Qu’est-ce qu’être jeune dans un quartier populaire ? À quelle expérience sociale, urbaine, familiale, à quelles visions de sa place dans la société et dans le territoire cela renvoie-t-il ? Telles sont les questions qui ont guidé la recherche participative du Collectif Pop-Art conduite dans dix villes ou quartiers de l’Île-de-France.
16h15 : Discussion générale
COPYRIGHT PHOTOGRAPHIE : « On s’intéresse aux jeunes » © Copyright Alain Bachellier (CC BY-NC-ND 2.0 DEED)